jeudi 14 novembre 2013

Amniocentèse commence par Attendre...

J'ai encore attendu...

Oui, encore... Plus d'une heure et quart avant que le gynéco arrive pour mon amniocentèse. Une heure et quart dans une pièce froide, regardant défiler les mamans pour qui tout va bien, pour qui la visite est synonyme de joie, de bonheur. Les échographies de routines, les petits cœurs qui battent, l'extase devant l'image, les papas surexcités, les regards complices.

Et moi qui attend. Attend a boule au ventre, les images de tout ce que j'ai pu vivre dans ces hôpitaux que je ne connais que trop bien. Je suis encore et toujours un simple numéro qui doit, comme tout le monde, attendre, et surtout se taire.
Enfin, c'est mon tour, j'ai eu droit au protocole habituel que je ne supporte plus, blouse d'hôpital, chaussons, bonnet. J'ai refusé de me mettre nue sous cette blouse, tout ça n'a aucun sens.
Je ne supporte plus ces protocoles; cette uniformisation, cette prise en compte inexistante du sujet, de l'être humain. L'aide soignante n'a pas insisté, je crois qu'elle a vu que je ne changerai pas d'avis.

Arrivée dans la salle de prélèvement, qui est une banale salle de soin, j'attend que les médecins me regardent, se présentent (j'ai le petit espoir d'entendre le doc dire qu'il est désolé d'avoir plus d'une heure de retard... Tu parles..). Mais tant que je ne l'aurais pas demandé, je n'aurais aucune information à ce sujet. Mon PoiluChéri ne peut pas rester. Question d'hygiène. mouais, parlons en de l'hygiène, l'interne en chaussures de ville, la salle de soin qui est loin d'être aseptisée, le médecin qui se lave les mains à la solution hydro-alcoolique... Bref.. Je bouillonne.. Mais on s'en tape total autour de moi, forcément il faut suivre le protocole. C'est vrai qu'il y a besoin d'un interne et d'un externe en plus.. Nan mais voyons Steff, eux ils sont propres avec leurs blouses qui s'est déjà trimballée de salle en salle depuis ce matin. BREF
J'attend que le médecin me parle, qu'il me décrive l'acte qu'il va tout de même pratiquer sur mon ventre. Rien tant que je demande pas bien sur. ça m'aurait étonné. L'AS place le champ. Il recouvre ma tête. J'explique que pour moi ce n'est pas possible, la sensation d'étouffement est trop grande sachant qu'en plus tout le monde est de l'autre côté de ce morceau de tissus vert.
"ça va aller vite madame"... La première fois qu'il l'a dit, ça aurait pu passer.
Quand après avoir demandé plusieurs fois qu'on bouge le champ, il m'a donné la même réponse encore et encore, je dois dire que j'ai juste eu envie de le scalper.

J'ai inspiré, profondément, et j'ai attendu, laissant couler les larmes sans bruits ni mots, répondant au mieux à leur attente de n'être qu'un ventre au milieu d'un champ opératoire.
J'ai tiré comme j'ai pu sur ce bout de tissus pour avoir de l'air et pouvoir regarder le plafond. De l'autre main tenant la patère, j'ai finalement décidé de me concentrer sur la trotteuse de ma montre.

Je lui demande de me prévenir quand il va piquer. Il me dit que ça ne fera pas mal. Menteur...
J'inspire, encore, profondément.

Il termine sa ponction. Retire le champ. Et ajoute un "l'acte en lui même ce n'est rien du tout c'est tout le spectacle autour qui est impressionnant".

Je me relève. Il me fait signer un consentement pour l'envoi du liquide au labo. Me précisant que si c'est une trisomie 21 ou le mongolisme, l'IMG sera possible. (comment on peut encore utiliser "mongolisme" en 2013??) ...
Je sors le plus vite possible.

Je ne supporte plus ces lieux.
Je ne supporte plus les hôpitaux.
Je ne supporte plus les blouses blanches.
Je ne supporte plus leurs protocoles qui n'ont aucuns sens.
Je ne supporte plus leur vanité.

Je ne veux plus y aller.
Je ne veux plus les supporter.
Je ne veux plus être un objet médicalisé.
Je ne veux pas que notre bébé devienne leur objet.
Je ne veux pas accoucher dans ce milieu médicalisé.
Je ne veux plus d'aiguille, de blouse, de champ, de perf, de cathé, de détachement de la part des soignants.

Aujourd'hui j'ai encore attendu et ce que nous offre l'avenir, ce sont encore de longs moments d'attente dont je ne veux pas..



NTB: Merci de ne pas répondre en utilisant des "courages", vraiment je ne supporte plus ce mot. Je risque de mordre..